L’arrêt de la surveillance des personnes en déplacement

Nous demandons :

  • L’arrêt de l’espionnage des personnes en migration, la fin de la collecte et du partage des données biométriques et autres
  • La suppression des bases de données sur les migrations, effacer toutes les données collectées et annuler le projet visant à les rendre interopérables
  • L’arrêt de l’utilisation d’équipements pour surveiller les personnes en migration et collecter des données et l’interdiction de l’introduction de nouvelles technologies
  • La rupture de tous les contrats avec des entreprises privées dans le domaine de la surveillance, de la collecte et du partage des données
  • Le retrait par Frontex de sa participation à l’Association européenne pour la biométrie (EAB) et à d’autres réseaux de lobbying
  • L’abolition de l’agence eu-Lisa
  • L’abolition du réseau EUROSUR
  • L’arrêt de la surveillance aérienne, sauf dans le seul but de sauver des vies
  • L’arrêt de la coopération avec les pays tiers en matière de collecte et de partage de données sur les personnes en migration ou pour des raisons de contrôle migratoire
  • La suppression des officiers de liaison Frontex-Europol
  • La suppression de toutes les autorités de sécurité des frontières et de police des frontières des États membres de l’UE

Contexte

L’Union européenne s’efforce de recueillir autant de données que possible (légalement) auprès des (éventuels) personnes en migration, avant, pendant et après le franchissement des frontières extérieures de l’UE. Pour ce faire, elle a créé plusieurs bases de données (biométriques), dont Eurodac, VIS (système d’information sur les visas), SIS II (système d’information Schengen), EES (système d’entrée/sortie) et ETIAS (système européen d’information et d’autorisation concernant les voyages), pour lesquelles elle a dépensé plus d’un milliard d’euros jusqu’en 2020. L’UE travaille actuellement à rendre ces bases de données interopérables, pour aboutir à un portail de recherche européen et à un service partagé de correspondance biométrique.

Ces systèmes et bases de données visent à contrôler, suivre et surveiller les mouvements des personnes. Ils constituent des éléments fondamentaux des politiques de la gestion des frontières et des migrations, facilitant l’identification, l’arrêt et l’expulsion des personnes en migration.
Les mêmes technologies sont également utilisées à l’inverse, par exemple en permettant aux voyageurs “légaux” enregistrés de passer rapidement et sans encombre les contrôles aux frontières. En tant que telles, elles contribuent à un système d'”apartheid frontalier”, où certains peuvent facilement passer tandis que d’autres sont immédiatement repéré.e.s pour des contrôles stricts, à la suite d’évaluations généralisées de la menace fondées sur des caractéristiques biométriques et autres, sans parler de l’élément que constitue la couleur de la peau.

Ces systèmes sont également un précurseur de l’utilisation des technologies de sécurité pour contrôler la société dans son ensemble, les personnes en migration servant essentiellement
de cobayes pour des mesures qui seront ensuite introduites à plus grande échelle. L’utilisation croissante de caméras, l’enregistrement de données biométriques toujours plus précises, les détecteurs de mouvements, les logiciels de reconnaissance des émotions et autres applications d’intelligence artificielle (IA) permettent de mettre en place un système de contrôle finement maillé, d’identification des risques et de subordination.
EUROSUR, le “système des systèmes” de surveillance des frontières de l’UE, permet l’échange d’images et de données en temps réel entre les États membres de l’UE grâce à un réseau de centres nationaux de coordination, coordonné par Frontex, afin de créer une “image situationnelle” des frontières extérieures de l’UE et au-delà, dans le but d’intercepter les personnes en migration. De plus en plus, les pays voisins de l’UE (en particulier ceux d’Afrique du Nord) sont invités à également fournir des informations à EUROSUR.

Frontex gère le réseau EUROSUR et l’unité centrale ETIAS. La plupart des autres bases de données sont gérées par une agence européenne distincte, eu-LISA (Agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle dans le domaine de liberté, de sécurité et de justice), avec laquelle Frontex coopère étroitement. Elle a attribué de gros contrats à des sociétés spécialisées dans la biométrie, dont Sopra Steria, Accenture et Idemia.
La plupart des contrats EUROSUR ont été attribués à GMV. L’organisation de lobbying European Association for Biometrics (EAB) rassemble des représentants de l’industrie, des gouvernements et des universités. Plusieurs hauts responsables de Frontex sont membres de son conseil d’administration et de son conseil consultatif.


Documentation et resources

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